THE EXPOSED SUTURE – THIRD CYCLE
Mathieu Kleyebe Abonnenc, Fayçal Baghriche, Xandra Ibarra
Exposition 29 mars – 15 avril 2017
Vernissage le mercredi 29 mars à 18h30
Rencontre /Discussion mercredi 29 mars à 19h30 avec Dania Reymond, Fayçal Baghriche, Tahar Chikhaoui et Natasha Marie Llorens.
À l’occasion de l’ouverture du 3ème volet de l’exposition Exposed Suture, Dania Reymond dont le film La Tempête était présentée dans le second cycle de l’exposition et Fayçal Baghriche, dont on peut découvrir La nuit du doute dans ce troisième cycle, présenteront ensemble leurs œuvres vidéo respectives. Tahar Chikhaoui modèrera une discussion autour des rapports qu’on peut établir entre ces œuvres et la manière dont chacune entre en résonnance avec la problématique de la violence structurelle et de l’histoire de l’image en mouvement dans un contexte colonial.
Lieu : Rond-Point Projects Room, 36 rue Ferrari, 13005 Marseille
Horaires : du jeudi au samedi de 14h à 19h et sur rdv
Commissariat : Natasha Marie Llorens, commissaire invitée de la session #7 du programme Entrée Principale
« Tu ne sais pas. Tu ne sais pas ce qu’elle veut dire. Tu ne sais pas quelle réponse elle attend de toi et tu t’en fiches. Au regard de tout ce que tu avais compris auparavant, soudain l’incohérence frappe violemment. Vous ressentez toutes deux cette coupure, qu’elle continue à appeler une plaisanterie, une plaisanterie qui reste coincée en travers de sa gorge, et comme n’importe quelle autre blessure, tu la regardes s’ouvrir en même temps que sa suture est brusquement exposée. » – Claudia Rankine, Citizen, 42.
Le livre de Claudia Rankine, Citizen, déchiffre la blessure psychologique qu’inflige le racisme. L’auteur affirme que, OUI, il y a des politiques qui visent consciemment à entretenir l’invisibilité des histoires non-blanches et non-normatives et à dénier la dignité des corps non-blancs et non-normatifs – MAIS il y a aussi des milliers de blessures qui ne passent pas le seuil de la conscience. Ces blessures resteraient purement et simplement exclues du champ du discours politique s’il n’y avait des écrivains comme Randkine.
L’exposition s’articule autour de cette vision : le sujet politique, ou le citoyen, est aussi vulnérable à la violence psychologique qu’il ou elle l’est à des formes de violence plus « directes » ou « physiques ». Les œuvres inclues dans ce projet représentent l’expérience de la blessure comme celle d’un moment où la distinction entre la violence « politique » et les formes de violence « personnelle » vague – une plaisanterie mal tournée, un pronom mal épelé, un geste déplacé, un manque de reconnaissance – est déstabilisée. Dans cette perspective, l’exposition cherche à prendre en compte tout à la fois la violence structurelle sexiste, homophobe et raciste.
—
“You don’t know. You don’t know what she means. You don’t know what response she expects from you nor do you care. For all your previous understandings, suddenly incoherence feels violent. You both experience this cut, which she keeps insisting is a joke, a joke stuck in her throat, and like any other injury, you watch it rupture along its suddenly exposed suture.” – Claudia Rankine, Citizen, 42.
Claudia Rankine’s book Citizen makes legible the psychological injury racism inflicts. She argues that YES there are fully conscious policies to maintain the invisibility of non-white, non-normative histories and to undermine the dignity of non-white, non-normative bodies – BUT there are also a thousand injuries that fall below the threshold of consciousness. These injuries would fall out of political discourse altogether were it not for writers like Rankine.
This exhibition is organized around her insight: the political subject, or the citizen, is as vulnerable to psychological violence as she is to more “direct” or “physical” forms of violence. The work included in this project pictures the moment of injury as one in which the distinction between “political” violence and inchoate “personal” forms of violence – a badly turned joke, a misspoken pronoun, an off-hand gesture, a misrecognition – is destabilized. In this focus, the exhibition makes an effort to address a sexist, homophobic and racist structural violence together.
—
first cycle – 16/02 – 04/03/2017 : Jody Wood, Kambui Olujimi, Kerry Downey, Sable E. Smith
second cycle – 09/03 – 25/03/2017 : Ana Maria Gomes, Dania Reymond, Kumi James
third cycle – 29/03 – 15/04/2017 : Mathieu Kleyebe Abonnenc, Fayçal Baghriche, Xandra Ibarra
Mathieu Kleyebe Abonnenc
Ca va, ça va, on continue, 2012/2013 (31 min)
Mathieu Kleyebe Abonnenc est un artiste originaire de Guyanne française. Il vit actuellement à Rome. Mathieu Kleyebe Abonnenc s’attache à mettre à jour les hégémonies culturelles sur lesquelles s’étaie l’évolution des sociétés contemporaines. Par le biais de la vidéo, de la photographie, de l’installation, du dessin ou de projets d’exposition, il explore les principes qui sous-tendent certaines situations ou événements, et en particulier ceux qui s’inscrivent dans le prolongement de l’histoire impériale et coloniale des pays dits « développés ».
Les œuvres de Mathieu Kleyebe Abonnenc ont été présentées dans de nombreuses institutions et expositions à travers le monde. Parmi les lieux qui lui ont récemment consacré des expositions personnelles, on peut citer le Museum für Moderne Kunst, Frankfurt, Art Basel – Statement, (with Marcelle Alix), Marcelle Alix, Paris, Kiosk, Ghent, (avec Eric Baudelaire), la Kunsthalle Basel, le Bielefelder Kunstverein. Son travail a également été présenté dans de grandes manifestations artistiques internationales comme la 56ème Biennale de Venise – « All the world’s futures » (cur. Okwui Enwezor) et le Pavillon belge, « Personne et les autres » (cur. Katerina Gregos), la Manifesta 8, Murcia (cur. Tranzit) et bien d’autres. Il s’est vu décerner divers prix et bourses dont le Baloise Art Prize, la bourse FNAGP, le Prix Meurice, la bourse de recherche du CNAP. Il est actuellement pensionnaire de la Villa Medicis, Académie Française de Rome.
—
Mathieu Kleyebe Abonnenc is a visual artist originally from French Guyana. He now lives in Rome, Italy. Mathieu Kleyebe Abonnenc devotes his focus to the cultural hegemonies upon which the evolution of contemporary societies is based. Through video, photography, installations, drawing, or exhibition projects, he explores the principles behind the dominant presence of pre-existing elements and events – notably those linked to imperial history and the colonies of so-called ‘developed’ countries. Many objects constitute a collective memory in which the universal principle has been tested for more than a century ago. Each of these elements needs to be constantly renegotiated in order to discover contemporary conflicts, vis-à-vis the construction of an identity, a community, a nation, and allow for the time to reinvent artistic and political action.
Mathieu Kleyebe Abonnenc’s work has been featured in a large number of art institutions and exhibitions worldwide. He recently had solo exhibitions at Museum für Moderne Kunst, Frankfurt, Art Basel – Statement, CH (with Marcelle Alix), Marcelle Alix, Paris, Kiosk, Ghent, (with Eric Baudelaire), Kunsthalle Basel, Bielefelder Kunstverein to name a few. His work has been included in major international events such as 56th Venice Biennale All the world’s futures (cur. Okwui Enwezor) and Belgian Pavillon, Personne et les autres (cur. Katerina Gregos), Manifesta 8, Murcia (cur. Tranzit) and many others. He has been awarded the Baloise Art Prize, the OCAD University Offscreen Award, the FNAGP Grant, the Meurice Award, the CNAP Reasearch Grant and the A.I.C. Research Grant, Paris. He is currently an artist in residency at the French Academy, Villa Medici, Rome, IT.
—
Fayçal Baghriche
La nuit du doute, 2016 (6 min)
Fayçal Baghriche est un artiste plasticien franco-algérien né en 1972 à Skikda en Algérie. Il vit et travaille à Paris. La démarche artistique singulière de Fayçal Baghriche révèle la poésie et l’étrangeté de nos pratiques quotidiennes tout en interrogeant la pertinence des systèmes normatifs qui régulent l’espace public et les pratiques sociales collectives. Très présent à l’international depuis dix ans, il a participé au Brooklyn Euphoria à New-York, au Dashanzi Art Festival de Pékin ainsi qu’à la Biennale de Gwandju et celle de Dakar. Son travail a également été présenté au musée d’Art Contemporain de Huston, au Outpost for Contemporary art de Los Angeles, au Bielefelder Kunstverein (Allemagne), à l’Al Riwaq Art Space (Bahrein) ainsi qu’au Musée d’Art Moderne d’Alger, à la Fondation Delfina (Londres, 2012), au Vögele Kultur Zentrum (Suisse, 2014), à la Villa Empain (Bruxelles, 2013) et à la BrotKunsthalle de Vienne (Autriche, 2012).
—
Xandra Ibarra
Colonial Peeps, 2013 (4 min)
Xandra Ibarra est une artiste performeuse basée à Oakland-based qui se produit parfois sous le pseudonyme La Chica Boom. Ibarra recourt à des modes de racialisation et de sexualisation hyperbolique pour mettre en tension les frontières entre son propre corps, les rapports coloniaux, la blanchitude compulsive et la mexicanité. Entrecroisant la performance, les actes sexuels, le burlesque, la vidéo, la photographie et l’objet, ses œuvres oscillent entre abjection et joie et problématisent la distinction entre ce qui est considéré comme approprié et ce qui ne le serait pas en relation avec les notions de race, de genre et de sujet queer.
Les œuvres d’Ibarra ont été présentées dans de nombreuses institutions et lieux artistiques sur le continent américain dont le Museo de Arte Contemporañeo (Bogotá, Colombia), Broad Museum (LA, USA), Popa Gallery (Buenos Aires, Argentina), Joe’s Pub (NYC), PPOW Gallery (NYC) et Yerba Buena Center for the Arts (SF). Elle a récemment été accueillie en résidence au Fort Mason Center for Arts and Culture, au National Performance Network et à CounterPulse. Elle s’est vu décerner différents prix et bourses tels que Art Matters Grant, NALAC Fund for the Arts, Yerba Buena Center for the Arts Away Award, ReGen Artist Fund, Theater Bay Area Grant et le Franklin Furnace Performance and Variable Media Award. Ibarra est engagée dans des activités sociales en faveur de la lutte pour les droits des immigrants et des prisonniers et contre le viol, et est intervenante dans le cadre du programme Critical Studies du California College of the Arts.
—
Xandra Ibarra is an Oakland-based performance artist who performs and sometimes works under the alias of La Chica Boom. Ibarra uses hyperbolized modes of racialization and sexualization to test the boundaries between her own body and coloniality, compulsory whiteness, and Mexicanidad. Her practice integrates performance, sex acts, burlesque with video, photography, and objects. Throughout her multiple works, she teeters between abjection and joy and problematizes the borders between proper and improper racial, gender, and queer subject. www.xandraibarra.com
Ibarra’s work has been featured at El Museo de Arte Contemporañeo (Bogotá, Colombia), Broad Museum (LA, USA), Popa Gallery (Buenos Aires, Argentina), Joe’s Pub (NYC), PPOW Gallery (NYC), and Yerba Buena Center for the Arts (SF) to name a few. Recent residencies include Fort Mason Center for Arts and Culture, National Performance Network, the Atlantic Center for the Arts, and CounterPulse. She has been awarded the Art Matters Grant, NALAC Fund for the Arts, Yerba Buena Center for the Arts Away Award, ReGen Artist Fund, Theater Bay Area Grant and the Franklin Furnace Performance and Variable Media Award.
As a community organizer, Ibarra’s work is located within immigrant, anti-rape and prison abolitionist movements. Since 2003, she has actively participated in organizing with INCITE!, a national feminist of color organization dedicated to creating interventions at the intersection of state and interpersonal violence. Ibarra is also a lecturer within the Critical Studies program at California College of the Arts.
Rencontre /Discussion mercredi 29 mars à 19h30 avec Dania Reymond, Fayçal Baghriche, Tahar Chikhaoui et Natasha Marie Llorens.
Dania Reymond et Fayçal Baghriche présenteront ensemble leurs œuvres vidéo respectives et Tahar Chikhaoui modèrera une discussion autour des rapports qu’on peut établir entre ces œuvres et la manière dont chacune entre en résonnance avec la problématique de la violence structurelle et de l’histoire de l’image en mouvement dans un contexte colonial.
L’œuvre vidéo La tempête de Dania Reymond, présenté dans le deuxième cycle de l’exposition Exposed Suture, rapproche deux moments de préparation à une séance de cinéma. Le premier, filmé par l’artiste elle-même, se déroule dans une salle de classe française ; le second est une séquence tirée des archives coloniales où l’on découvre des villageois assistant à la projection d’un film de propagande au service d’un effort de pacification pendant la guerre de Libération.
L’œuvre de Fayçal Baghriche La nuit du doute raconte la relation qu’un garçon algérien entretient avec le monde coloré et lumineux dépeint par la télévision. Révélant la manière dont la télévision structure la possibilité de rêver, cette œuvre montre aussi la violence des moments de transition et de transformation.
—
Diplômé de l’Ecole Normale de Tunis, Tahar Chikhaoui (الطاهر الشيخاوي) est né le 17 juillet 1954 en Tunisie. Maître-assistant à la faculté des Arts, des lettres et des sciences humaines de la Manouba, il y enseigne aussi la littérature française et le cinéma (analyse de film et histoire du cinéma). Sur cette lancée, il forme également les étudiants d’une école privée, l’Ecole des Arts et du cinéma, EDAC. Tahar Chikhaoui est fondateur et animateur d’une revue de cinéma « Cinécrits » qui paraît à Tunis.Il est l’auteur de plusieurs articles sur le cinéma, publiés aussi bien en Tunisie qu’à l’Etranger. Ce critique tunisien organise par ailleurs des cycles de formation en Tunisie et à l’étranger.Enfin, Tahar Chikhaoui est membre de l’Association Tunisienne de la Promotion de la Critique Cinématographique (ATPCC).